Histoire du débat entre le matérialisme et le spiritualisme, entre l’esprit et le corps.  Revue épistémologique du sens et de la valeur des concepts de subjectivité et d’objectivité.visiteurs non visuels, aller à :  début de la barre de navigation du site début de la table de matière du texte début du texte



 

 TITRE : « JE SUIS UN CORPS » 
 PHARE

Dernières modifications :
12 octobre 2001



Introduction


 Titre : "Comment situer le texte qui suit" 

Pour situer le contenu du texte qui suit, voici un bref résumé du parcours philosophique dans lequel il s’inscrit.

Les faits relatifs à la question de la liberté individuelle se sont imposés à moi dès le début de mes études.  Il me semblait alors qu’on perdait de vue la signification de ce concept, lequel m’avait toujours semblé non seulement fondamental par rapport à la notion de droit, mais essentiel aussi pour l'ensemble d'un ordre de faits d’autant plus importants, les faits relatifs à la morale et aux valeurs.

Or, lorsque j’évoquais ce souci pour la liberté, il n’était pas inhabituel qu’on me renvoie à une question qui m’intéressait moins, soit celle de la liberté métaphysique.  En effet, si je suggérais, par exemple, que la prise en charge par l’État de nos responsabilités sociales constituait un manque de respect pour la liberté individuelle, on me répondait immanquablement que « l’être humain n’était pas libre de toute façon ».  On entendait par là, bien sûr, que l’individu était déterminé par ses conditions matérielles historiques et, par conséquent, que sa volonté — son esprit — n’y était pour rien.

Il fallait donc se rendre à l'évidence : des positions morales ou politiques étaient exclues dès le départ en raison d'idées métaphysiques communes portant sur la relation entre le corps et l’esprit : on semblait croire que des droits que je pouvais réclamer en tant qu’individu métaphysiquement libre ne pouvaient être réclamés par un individu matériel et déterminé.  Ces idées communes ne sont guère plus que des présupposés obscurs, mais cela ne les empêche pas de faire leur oeuvre... au contraire.

Dans mes études antérieures, je me suis arrêté pour me confronter à ces présupposés.  J’ai pris pour point de départ un article de Peter Strawson dans lequel celui-ci a cherché à soutenir la même intuition que celle qui constituait mon idée maîtresse : à savoir, qu’il n’y a absolument aucun rapport à faire entre l’idée du déterminisme et l’idée de la responsabilité individuelle.  Or, nous le savons bien, tel qu'il a été compris depuis des siècles en Occident, le concept de responsabilité individuelle dépend directement, pour sa consistance, de la validité de la thèse de la liberté métaphysique et semble donc, par conséquent, incompatible avec la thèse déterministe.

Plusieurs ont voulu maintenir, il est vrai, la compatibilité du déterministe avec la responsabilité individuelle ; mais on appuyait alors le plus souvent cette prétention sur l'idée que la responsabilisation (punir, récompenser) a une valeur utilitaire ; personne ne démontrait que la responsabilisation n'est pas insensée en elle-même, comme semble le suggérer la thèse déterministe.

Que l'idée du déterminisme rende l'idée de la responsabilité difficile à concevoir, c’est ce qui ressort le plus nettement dans le domaine de la justice pénale.  Nous savons tous que, depuis longtemps, la philosophie du droit pénal semble fort incertaine d’elle-même.  On ne sait plus comment justifier la punition lorsque les coupables, apparemment, agissent comme ils le font parce qu’ils sont influencés par leur histoire.  C'est là le problème classique.  On ne sait plus comment blâmer quelqu’un pour sa conduite s'il semble que ce ne soit pas « vraiment » cette personne qui soit la « cause » de cette conduite.  Ce sont là des problèmes qui ne sont qu’apparents – qui ne cessent d’apparaître, tout de même, depuis des milliers d'années – et qui reposent en vérité sur maintes confusions philosophiques.



         

 

C’est avec un succès peu négligeable que Strawson a démontré que nos attitudes morales, comme le blâme, la gratitude ou le ressentiment (son texte s’intitule Liberté et ressentiment) ont un sens en elles-mêmes et en dehors de toute valeur instrumentale qui puisse leur être attribuée.

Mais si Strawson nous montre le sens de ces attitudes, il nous parle peu des sources de nos confusions philosophiques, confusions qui nous conduisent à voir des dilemmes là où il n’y en a pas, à adopter en conséquence des positions philosophiques intenables et, par suite, des attitudes morales tout aussi néfastes que désorientées.  C’est sur ce thème que je me suis attardé.

Or, il m’est apparu que notre principale source d’égarement en philosophie était notre incapacité de penser d’une manière cohérente le rapport entre l’esprit et la matière, entre la volonté, la conscience, l’âme, le coeur, bref, entre l’expérience interne et le fait palpable, objectif, apparemment plus réel que constitue à nos yeux la chair, la matière, l’atome.



 

Dans le texte qui suit, je résume ce que j’ai appris, à ce jour, sur ces questions.  Comme la première esquisse de ce texte était adressée à un ami, l’exposé reste assez informel et la rigueur n’y est pas la première exigence, ce qui, somme toute, n’est peut-être pas une technique si mauvaise lorsque le but visé est une simple introduction à un thème.



 

Il s’agit d'une brève histoire de l’idée qu’on a pu se faire de l’âme, ou de la vie intérieure, et d’une description du cadre mental duquel cette idée a pu émerger et dans lequel elle s’est en même temps empêtrée.  Après un survol de cette dispute millénaire à laquelle cette idée de l'âme a donné lieu et de l'état contemporain de cette dispute, nous examinerons un moyen philosophique intéressant de mettre fin autant à ces débats qu'à leurs conséquences désastreuses.

Pour une lecture complémentaire portant sur l’historique et le sens du débat opposant, dans un sens très large, les matérialistes aux spiritualistes, je recommande les quatre courts textes de Jean Laberge, professeur au cégep du Vieux Montréal.



 


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