Digression 1

Le « cerveau-centrisme »

En vérité, je crois qu’il faut voir dans cette importance particulière, attribuée à l’intelligence ou à l’esprit, moins le reflet d’une supériorité de fait – quoiqu’il se puisse bien que nous soyons des êtres supérieurs sur ce plan – que le reflet de l'immaturité de l'intelligence humaine.

Il se pourrait aussi que l'intelligence ait occupé la place première dans la pensée identitaire humaine – dans notre réflexion sur notre identité – simplement parce qu’une pensée identitaire est un objet produit par les penseurs.  Il ne faudrait peut-être pas se surprendre, en fin de compte, si les penseurs ont prétendu que ce qui définit l’être humain et qui le rend spécial, c’est sa faculté de penser.   Au lieu de voir là l’égocentrisme de l’intelligence, on peut y voir simplement l’égocentrisme de l’intelligent.  

Mais mon idée est qu’il y a là un phénomène qui appartient en propre à la jeunesse de l’intelligence humaine et qui ne serait pas attribuable à l’égocentrisme des « intellos ».  La nouveauté de l’intelligence suffirait pour étourdir les esprits, pour les captivés, alors que seul le temps (les millénaires) permettrait à la réflexion d’apprendre à faire la part des choses.

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