Hume

Les savants



 'I'

l n'est pas besoin d'un savoir bien profond pour découvrir l'imperfection présente des sciences, la multitudes elle-même, à l'extérieur des portes, peut juger, au tapage et à la clameur qu'elle entend, que tout ne va pas bien à l'intérieur.  Il n'y a rien qui ne soit le sujet d'une discussion, rien sur quoi les hommes de savoir ne soient d'opinions contraires.  La question la plus banale n'échappe pas à nos controverses, et aux plus importantes nous sommes incapables de donner une conclusion certaine.  Les dicussions se multiplient, comme s'il n'y avait qu'incertitude.  Dans toute cette agitation, ce n'est pas la raison qui remporte le prix, c'est l'éloquence ; et nul ne doit jamais désespérer de gagner des prosélytes à l'hypothèse la plus extravagante, s'il est assez habile pour la peindre sous des couleurs favorables.  La victoire n'est pas gagnée par les soldats en armes, qui manient la pique et l'épée, elle l'est par les trompettes, les tambours et les musiciens de l'armée.

 

 

David Hume, Traité de la nature humaine, tome I, Éditions Montaigne, Paris, 1946, p. 57 [« Introduction », § 2] (traduction par André Leroy de Treatise of Human Nature, Londres, 1739).

En 1739, Hume et Rousseau ont l'un et l'autre 27 ans.  Longtemps après, le destin allaient les réunir et leur permettre de faire un bout de chemin ensemble.

 

 

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