Le noumène, tout être tel qu'il existe indépendamment des représentations mentales : connotations et réponses à objections potentielles. Visiteurs non visuels, aller à : Arrêter la musique début de la barre de navigation du site début de la table de matière du texte début du texte



 

 Entête : Comment penser la chose en soi 
 PHARE

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14 novembre 2001

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1

Introduction.  L'idéaliste prétend que la nature de nos représentations dépend davantage de la nature de notre esprit que de celle de l'objet perçu.  Le texte d'un commentateur de Cassirer, Stéphane Doyon, portant sur le concept de chose en soi dans l'idéalisme critique, nous sera utile pour mettre en lumière les diverses connotations inappropriées qui peuvent, à l'occasion, être attribuées à cette expression.

2

Hegel semble avoir rejeté l'idée d'un être qui existait en dehors de nos représentations parce que cette idée était elle-même une représentation.  Il s'agit d'un argument qui relève surtout de la rhétorique et on peut l'expédier en le confrontant à sa propre logique : l'idée que rien n'existe en dehors de nos idées n'est qu'une idée.

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Une réponse plus sérieuse consiste à comparer ce point de vue de l'absolu au point de vue relatif d'un réalisme « phénoménologique », lequel reconnaît que la chose en soi n'est qu'une idée bien humaine mais qu'elle n'en demeure pas moins une idée nécessaire dont une raison humaine, fidèle à elle-même et à sa condition (c'est-à-dire à sa situation relative), doit reconnaître la validité.

4

Une première faute concernant la chose en soi consiste à la confondre avec l'intelligible.  C'est que 'intelligible' a trois sens : ce qui est compréhensible, ce qui ne peut être connu que par l'intelligence (comme l'atome), et ce que nous pouvons imaginer par la pensée sans que nous puissions néanmoins nous le représenter sous une forme quelconque (comme le noumène).

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Or, nous croyons l'intelligible plus véridique que le sensible. Par là, le 'noumène', la chose en soi telle qu'elle est « vraiment » en elle-même et en dehors de toute représentation que nous pouvons avoir d'elle, est associé à la 'chose intelligible', chose telle que nous pouvons l'imaginer en dehors de toute sensation.

6

L'idéalisme s'en prenait à « l'illusion d'une séparation originaire entre l'intelligible et le sensible ». Le fait d'associer, dans ce débat, le sensible au phénomène a contribué à renforcer l'association du noumène à l'intelligible.

7

Mais c'est l'inverse qui semble se produire lorsque l'idéaliste tente de soutenir qu'il n'y a pas de chose en soi parce qu'il n'y a pas de choses comme telles, mais seulement des représentations symboliques qui ont leur source dans les possibilités de l'esprit.

8

Le discours idéaliste se charge alors d'incohérence.  Ce n'est pas de l'existence des objets physiques dont il est question lorsqu'il est question de l'en-soi, mais de l'existence d'un fondement externe aux objets qui nous apparaissent comme physiques.  D'ailleurs, c'est le débat lui-même qui se charge d'incohérence lorsqu'on songe à sa raison d'être.

9

Il semble que le sens de ce débat ait tenu dans un litige concernant le mot 'chose'.  Il fallait apparemment éviter de subsumer la catégorie de phénomène sous celle de chose, dans la mesure où cette expression peut évoquer l'idée de substance.  Mais pour être consistant, l'idéalisme requerrait ici la consistance d'un concept, celui de matière, dont il contestait la consistance.  Si le phénomène n'est pas matière mais idée, alors qu'est-ce que la matière ?

10

Quant à associer le noumène, et même le phénomène, au concept de chose comme tel, lorsque nous désignons, par exemple, le noumène par l'expression 'chose en soi', cela ne peut poser aucune difficulté, puisque le mot 'chose' ne veut dire rien de plus, dans le contexte philosophique, que « X », item de nature indéfinie.

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Conclusion.  L'idéalisme ne nie donc pas la nécessité d'une chose en soi.  Il ne nie pas qu'il existe des formes sensibles, telle que la substance, pour affirmer au lieu qu'il existe des formes intelligibles, comme des forces et des champs ; car c'est la forme intelligible autant que la forme sensible des objets que l'idéalisme nous apprend à éclairer d'un jugement métaphysique critique.

 

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