« Je suis un corps »

Résumé synthétique

Dans l'histoire de la philosophie, certains ont voulu défendre la liberté et la dignité humaine en prétendant que l'esprit et la matière étaient deux « choses » ou réalités différentes.  Cependant, plus la science progressait, plus se faisait valoir le sentiment que tout fait de conscience se réduisait à la réalité apparemment plus profonde que serait la matière.  Plus on reconnaissait des mérites au matérialisme, plus le statut des faits de conscience s'en trouvait amoindri.

Ces tristes malheurs, et leurs conséquences pratiques en morale autant qu'en politique, peuvent être évités.  Au lieu de contester le matérialisme, il est de loin plus utile de prétendre, comme certains le font déjà, que les faits mentaux et physiques ne représentent pas deux sortes d'êtres, mais deux perspectives différentes sur le même être : l'une, la perspective matérialiste, serait l'être vu ou représenté, c'est-à-dire construit par notre tête ; l'autre, la perspective mentale, sous laquelle sont recensés les faits de conscience, serait celle de l'être vécu et immédiat, c'est-à-dire l'être que nous sommes par lui-même, en lui-même, vécu intérieurement, et non cet être tel qu'il apparaît à nos sens extérieurs.  L'être vécu s'apparenterait donc à ce que les philosophes appellent le « noumène », alors que le corps s'apparenterait au phénomène.

Ce qui est intéressant dans cette approche est que, ainsi compris, l'esprit retrouve un statut ontologique respectable au sein même d'une conception moniste et matérialiste du monde.  Dorénavant, il ne nous sera plus possible, même d'un point de vue dit réaliste et matérialiste, de penser l'esprit comme ayant « moins » de réalité que le corps ni comme étant « causé » par des déterminants physiologiques.

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Il ne nous restera alors qu'à espérer que ces conclusions pourront, avec le temps, ébranler les philosophies morales et politiques qui s'appuient, consciemment ou non, sur les présupposés métaphysiques contestés ici.

 

 
     

Dernières modifications :
12 octobre 2001